L’employabilité des jeunes au Sénégal est un enjeu de stabilité sociale et de performance économique face à une démographie galopante. Malgré une croissance économique notable avant la pandémie, le marché du travail peine à absorber le flux annuel de nouveaux diplômés. Les autorités reconnaissent la nature structurelle du problème, avec des défis majeurs concentrés sur l’inadéquation des compétences et la nécessité d’une offensive massive de formation.
1. L’État des Lieux : Une Problématique Démographique et Sociale
L’employabilité au Sénégal est mise sous pression par des indicateurs démographiques alarmants et des failles socio-économiques.
A. La Crise du Chômage des Jeunes
La jeunesse (15-34 ans) est la catégorie la plus vulnérable face au chômage. Selon les données de l’ANSD, le taux de chômage (au sens élargi) chez les jeunes atteint un niveau critique, et les femmes sont particulièrement touchées.
- Le Constat de la « Triple Peine » : Le discours présidentiel de 2019, faisant état d’un objectif d’un million d’emplois sur un mandat, a mis en lumière l’ampleur du problème. Des rapports récents (début 2025) indiquent qu’un jeune Sénégalais sur trois (1/3) n’aurait ni emploi, ni formation, ni diplôme (catégorie des NEETs – Not in Education, Employment, or Training).
- Les Diplômés vs. les Non-Qualifiés : Si le chômage touche les diplômés (Regroupement des Diplômés Sans Emploi – RDES), le défi est encore plus grand pour les jeunes peu ou pas qualifiés : 46% des 15-24 ans en âge de travailler seraient sans diplôme, sans emploi, ni formation, soulignant la nécessité d’interventions ciblées sur l’éducation et la qualification de base.
B. Le Secteur Informel et la Vulnérabilité
Le secteur formel (public et privé moderne) a une capacité d’absorption insuffisante. La majorité des actifs occupés se retrouvent dans le secteur informel, caractérisé par des emplois précaires, peu rémunérateurs et une absence de couverture sociale. Le travail indépendant et les emplois vulnérables dominent, créant une réalité d’«emplois faute de mieux» qui n’est pas synonyme d’insertion professionnelle durable.
2. Les Défis Majeurs : Inadéquation et Manque de Synergie
Les principaux obstacles à l’amélioration de l’employabilité sont structurels et requièrent une réorganisation profonde.
A. L’Inadéquation Chronique entre Formation et Emploi
C’est le nœud de la problématique. Le système d’éducation formel continue de produire des profils qui ne correspondent pas aux besoins en compétences du marché du travail, même dans les secteurs porteurs (NTIC, agriculture, industrie).
- Le Diagnostic du Manque de Qualification : Le discours officiel reconnaît que si les jeunes ne sont pas employables, c’est en grande partie parce que la formation professionnelle est déficiente. Les entreprises ont du mal à recruter des profils immédiatement opérationnels.
- La Faible Place des Métiers Techniques : Le prestige social favorise encore l’enseignement général au détriment des filières techniques et professionnelles, pourtant cruciales pour le développement industriel et agricole.
B. L’Urgence d’une Offensive de Formation (FPT)
Face à ce défi, le Ministère de la Formation Professionnelle et Technique a été chargé d’initier une «Grande Offensive pour la Formation Professionnelle».
- Objectif de Qualification : L’objectif est de revoir les curricula et la carte universitaire pour transformer les établissements en véritables leviers d’employabilité et d’entreprenariat, en phase avec les besoins réels de l’économie.
- Priorité aux Compétences Numériques et Techniques : Une attention particulière est portée aux secteurs à forte capacité d’absorption, comme le numérique, les métiers de l’agriculture, l’artisanat et l’industrie.
C. Le Financement de l’Entrepreneuriat
Le développement de l’entrepreneuriat est la réponse la plus souvent mobilisée.
- Défis de l’Aide : Des structures comme l’ancienne Délégation générale à l’Entrepreneuriat Rapide (DER) ont financé des centaines de milliers de projets pour les jeunes et les femmes. Cependant, le défi est de s’assurer que ces financements (souvent de petits montants) débouchent sur des entreprises pérennes et non sur de simples emplois de subsistance.
- Attraction des Investissements : Les autorités travaillent à la réforme du Code des investissements et à l’amélioration du climat des affaires (APIX) afin de créer davantage d’emplois décents et d’attirer des investisseurs capables de générer des centaines de postes structurés.
3. Les Voies de Solution : Stratégies et Engagements
Pour transformer ces défis en opportunités, les stratégies s’articulent autour de l’alignement des politiques et du soutien ciblé.
- Réformer la Politique d’Emploi : L’élaboration d’une nouvelle Politique Nationale de l’Emploi, soutenue par l’OIT, vise à mettre en place un «nouveau pacte autour de l’emploi» fondé sur le dialogue social, le travail décent et l’inclusion de tous les secteurs (y compris l’économie numérique, l’industrie et l’agriculture).
- Renforcement de l’Orientation et de l’Information : Il est crucial de développer des services d’orientation professionnelle efficaces pour aider les jeunes à faire des choix de parcours basés sur une meilleure connaissance des dynamiques du marché.
- Création de Pôles de Compétitivité : Le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC), qui visait la création de pôles économiques, illustre la volonté de lier aménagement du territoire et création massive d’emplois ruraux.
- Le Rôle du Partenariat Public-Privé : La Convention État-employeurs du secteur privé et les dispositifs d’apprentissage et de stage sont jugés essentiels pour garantir que la formation et l’expérience acquise mènent directement à l’emploi.
En conclusion, l’employabilité au Sénégal nécessite une coordination accrue et un investissement massif dans la qualité de la formation professionnelle et le soutien aux MPME pour créer le socle d’une économie résiliente et inclusive.




Employabilité des est facteur clé pour intégrer les dans le monde travail.Elle aussi d’adopter la concurrence dans le marché du travail.